Et si Windows devenait une distribution Linux ?
L’idée peut faire sourire, mais quand on y réfléchit bien, elle n’est pas si absurde que ça. Il s’agirait bien évidemment d’une évolution à long terme, peut-être de l’ordre d’une dizaine d’années.
Commençons par regarder la répartition des revenus de Microsoft.
(source: healthventures.info)
On constate en tout premier lieu que 28% des revenus sont générés par Office. En seconde position à 22% sont regroupés Windows Server et Microsoft Azure. Je n’ai pas réussi à obtenir de chiffres plus détaillés de ce côté là, mais je soupçonne Azure de représenter la majeure partie de cette catégorie de revenus. On sait par ailleurs que l’OS le plus hébergé sur Azure est Linux.
Aujourd’hui, même la division XBox rapporte plus à Microsoft que Windows. Ont-ils encore intérêt à assumer la totalité du développement d’un OS pour ces 9% de revenus ? Après tout, ils ont déjà franchi le pas pour leur navigateur web Edge en adoptant Chromium. Qui l’aurait cru il y a encore peu (moins de dix ans), quand Internet Explorer était encore le navigateur le plus utilisé ?
En parallèle, on constate depuis ces dernières années de nombreux signes d’ouverture de Windows vers Linux, et plus largement vers le logiciel libre. Citons, en vrac :
- Le portage de Microsoft SQL Server sous Linux
- Le développement de Visual Studio Code
- Le passage de Mono sous licence MIT
- Le rachat de Github
- Adhésion de Microsoft à la Linux Foundation
- L’intégration de l’interpréteur Bash dans Windows 10
- Microsoft a deux fois plus d’employés que Google contribuant à des projets open-source
Et tout récemment, Microsoft à annoncé que les prochaines version de Windows contiendraient un noyau Linux maison pour faire tourner WSL (Windows Subsystem for Linux). Celà fait remonter quelques souvenirs de 2011, année ou Microsoft était dans le top 5 des contributeurs au noyau Linux.
On constate aussi que Microsoft pousse très fortement les versions Cloud de ses outils (Office365), effaçant petit à petit la dépendance à Windows. Et c’est bien normal, Windows n’est plus l’OS majoritaire. Certes il le reste sur les ordinateurs personnels (même si MacOS X a pris une part du gâteau), mais la bataille a déjà été perdue au profit de Linux sur les serveurs, et face à Android/iOS sur les devices mobiles qui, ne l’oublions pas, représentent aujourd’hui plus de la moitié du trafic web mondial. On pourrait même voir cette incitation à passer à “Office cloud” comme une manière d’assurer les revenus liés à Office dans l’éventualité d’un changement d’architecture de Windows.
En parallèle, on constate que Windows n’a plus le vent en poupe auprès de développeurs, tant au niveau des plate-formes de développement, que des OS cibles. Ne plus attirer de développeurs, ce n’est généralement pas bon signe sur le long terme.
Bref, Microsoft a-t-il encore intérêt à redoubler d’efforts pour maintenir Windows à flot face à la concurrence, alors que son cœur de métier est désormais dans le cloud ? Est-il temps d’intégrer le noyau Linux dans Windows pour permettre de porter en douceur les outils sur cette nouvelle architecture, petit à petit ? Serait-ce déjà en cours ?